23.4.20
C'est le
sigle de l'injonction que je dois me donner désormais constamment en vue
de ne pas oublier de me le bouger, sinon je risque de devenir impotente avant
même d'avoir atteint l'âge doublement canonique (autrement dit octante, puisque
messieurs les régisseurs du droit canon de l'Église Catholique Romaine
Universelle avaient fixé l'âge dit canonique à 40 ans, âge auquel une femme
d'après eux et les statistiques pouvait ne plus représenter un danger
reproductionnel* pour être bonne de curé).
Or donc, il
s'agit pour moi de rester une vieillarde ingambe encore une décennie ou deux,
et pour cela ne pas prendre je ne sais quel prétexte d'écriture pour passer des
heures clouée devant un écran - fût-il celui d'une machine qui vous relie au
monde et à ses misères, universelles elles aussi, machine que j'appelais
naguère dans un ancien blog le cercueil de verre - au risque d'oublier comment
fonctionne la paire de membres inférieurs qui portent ledit Q, ce dernier ayant
tendance par ailleurs, comme je le disais dans mon post "plénitude",
à prendre un peu trop d'ampleur au vu des circonstances actuelles de
confinasserie* d'une part et de dénicotinaison* de l'autre. CQFD.
* je
m'octroie le privilège de l'âge d'inventer des mots.
22.4.20
Étymologie
Mot lat. virus « suc, jus, humeur; venin, poison; mauvaise odeur, puanteur,
infection ».
Qui
produit un effet nocif. . "De tous les poisons capables de vicier un
témoignage, le plus virulent est l'imposture" (M. Bloch, Apol. pour hist.,
1944, p. 41).2. Au fig. [En parlant d'une pers., de son attitude, de ses
propos] Plein d'agressivité, de vivacité, de vigueur. "Il avait (...)
cette éloquence virulente des prophètes de sa race qui furent presque tous des
pamphlétaires lyriques" (Duhamel)
dit le
dictionnaire qui définit ici l'atmosphère qui règne dans le milieu
scientifico-médical du moment, avec la guerre des chefs et des ego de ces
messieurs (puisqu'il s'agit de mâles) les chercheurs dont certains - paraît-il
- font preuve de malhonnêteté intellectuelle quant à leurs résultats parfois
tronqués, ou bien s'arroge tout le mérite d'un prix mondial alors que c'est
leur pote assistant qu'a fait tout le boulot. Bref. A qui se fier ? Notre
commandeur des croyants de la République démagoge pas mal en accréditant un mec
qui a un air de gourou sauveur de l'humanité, ceci pour plaire à son peuple qui
a besoin de miracle.
21.04.20
0
20.04.20
On déplore
le nombre croissant de morts du méchant virus, mais on se réjouit du nombre
décroissant d'hospitalisés. Mais les morts laissent des lits vacants. Donc plus
il y aura de morts, plus de places on aura dans les hôpitaux. Chouette, vive
les morts !
19.4.20
Ce pourrait
être une occupation originale, une sorte de pari. Voilà. La maison est
habituellement plutôt bien rangée - si on ne regarde pas dans les détails. Le
pari consisterait à y mettre le plus grand b... - disons désordre - en le
moins de temps possible. Mode d'emploi à suivre...
18.4.20
Il pleut
donc aujourd'hui repos, on met les habits du dimanche.
17.04.20
Ce n'est pas
parce qu'on est dans les septante + qu'il faut nous traiter de vulnérables et
prendre pour nous la décision de rester dans la confinasserie indéfiniment. Mettez-nous
dans le cercueil directement, ce sera plus simple et plus radical. Meilleur
pour la sécu mais moins bon pour l'économie du tourisme et des loisirs
culturels, style concert de musique classique et visite de musée. Sans compter
l'aide aux enfants et petits. Bref, on est encore très utiles, voire
indispensables. Songez-y avant de promulguer des décrets stupides.
Perso, j'ai
déjà vaincu la maladie de Horton et ses conséquences plus ou moins gênantes -
du genre AVC léger sans séquelles, anévrisme de l'aorte qu'on remplace par un
tuyau plastic solide avec super glu, PPR et RCH... - Et je passe une paire
d'heures chaque après-midi à débroussailler le bois. Alors, hein, pour ce qui
est de la fragilitude, cherchez ailleurs.
16.4.20
Il paraît
que c'est un très bon score au scrabble à 2. C'est fou, je n'arrive pas à faire
moins, je frôle même parfois les 400. Je me demande comment va finir le modus
vivendi de cette période de confinitude.
15 04 20
C'est sûr
que ça fait plaisir qu'on prenne soin de nous, les vieux, et qu'on veille à ne
pas nous contaminer par l'intermédiaire de petits porteurs sains que serait
potentiellement notre progéniture deuxième génération, pas de pot justement
eux - qu'on se serait fait un plaisir d'accueillir à la campagne, avec
moult cours particuliers de maths, d'histoire, de français et de jardinage.
Mais non. Soit.
Mais en y
réfléchissant, cette tyrannie actuelle que tous les grands- parents subissent
de leurs enfants, si elle rassure quant à l'intérêt qu'ils vous portent, vous
fait réfléchir aussi à un avenir pas si lointain : quand on sera vraiment vieux
et qu'on n'aura plus de moyen de défense, que vont-ils nous imposer pour nous
"protéger" des dangers extérieurs ? Hein ? je vous le demande.
Interdiction absolue de manger du chocolat , de boire de la bière, de faire un
tour en vélo, et a fortiori en voiture... Que sais-je ?
14.4.20
Zorro est
arrivé ! Avec ses masques et ses tests, livrables à la fin de la crise !
Vive la France et vive nous !
13.4.20
Qu'est-ce
que j'ai dans ma poche ? Un mouchoir. Ah bien, tant pis, je serai enrhumée
toute l'année.
12.4.20
Beaucoup de
passage sur le petit chemin qui entoure ou contourne notre domaine. Des animaux
à quatre pattes qui sortent leur maître ou leur maîtresse ou les deux, ou les
trois quand bébé dans poussette il y a. Comme environ cent mètres séparent la
Voie Romaine de notre entrée, et une dizaine de maisons d'un côté ou l'autre du
chemin, et qu'il y a en tout une douzaine de chiens, je vous laisse calculer le
nombre de chiens par famille et par mètre linéaire. Quelques-unes de ces
familles n'ont pas notre chance et vivotent sur une cour d'une dizaine de
mètres carrés. Conclusion : ces gens de la ville qui viennent à la campagne et
du coup se sentent une envie pressante de faire vivre avec eux un ou deux
aimables compagnons se rendent compte des besoins - pressants aussi -
desdits compagnons qu'ils laissent se soulager dans la nature, pensent-ils.
Notre vieille voisine disait qu'on habitait "boulevard des crottes".
11.4.20
On ne saurait faire boire un
âne qui n’a pas soif !
10.4.20
Il pleut des
pétales de merisiers et de magnolias. D'ici dimanche, peut-être les arbres
seront-ils dépouillés de leur beauté. Après tout, peu importe, cette année je
n'aurai pas cinq zèbres à la recherche d’œufs de Pâques dans le bois.
9 04 20
Il y en a,
comme Chevillard ou Slimani, qui sont payés pour étaler leur état d'âme de
confiné dans un plus ou moins court billet - quotidien ou presque -
publié dans un journal du soir de renommée nationale. Mais bon, moi je ne suis
pas un auteur ou une auteresse reconnue , et donc si je veux que mon billet
soit lu et atteigne la masse, je dois payer ! Ben non.
8.4.20
Dans le fond
de l'armoire, les piles de pulls n'ont pas bougé depuis quelques décennies, ou
bien elles augmentent par le dessus et on pique toujours dans les deux ou trois
derniers achats.
L'heure est
au rangement pour occuper l'esprit et les mains. Encore une paire de mois de
confinage (une paire dans nos régions ça peut être plus que 2) et les
jardins et les maisons seront nickel propres et ordonnés. Le problème c'est que
les déchetteries sont fermées.
De toute
manière, on ne jette des vêtements que si, usés avec des trous et des
taches indélébiles, ils sont passés successivement de l'état de mettable en
ville, puis à la maison, au jardin, à l'atelier peinture, aux chiffons propres,
aux chiffons sales - dernière destination.
Il serait temps cependant d'aller piocher dans le bas d'une pile de
"destinés à la ville" ceux qui n'ont plus la cote à cause de leur
couleur ou de leur forme, pour se les porter à la maison voire au jardin et
jouer un peu la coquetterie du changement.
Soyons fou !
Aujourd'hui ce sera un pull en pure laine, acheté en Écosse en 1993 et qui est
comme neuf, bien rangé dans la quatrième pile, en 72ème position. En plus, il
va faire 25° cet après-midi.
7.4.20
"Finement
(???) con : Les Français se ruent sur le PQ, les Américains sur les armes :
nous n'avons pas la même vision du trou de balle." m'écrit-il.
Sans rire,
ça me rappelle un quasi cauchemar : quand j'ai passé l'oral du Capes et que
j'ai eu un poème de Verlaine à commenter dans lequel il y avait le mot
"trou" et que j'ai osé faire allusion au "Sonnet du trou du
cul" de Rimbaud... Maria toch ! comme on dit en flamand ! Qu'est-ce
que j'ai fait là, outrager ces messieurs universitaires (of course, il n'y
avait pas de femme dans les 3 personnes du jury qui m’écoutait) ! Le mé-pris
ab-so-lu. Eh bien messieurs, j'espère que vous avez été heureux avec votre
non-trou toute votre vie. Je vous salue bien !
6.4.20
... dit le
fabuliste du XVIIème siècle pour décrire l'atmosphère lugubre qui régnait lors
d'une mortelle pandémie animale. (Tout le monde aura reconnu bien sûr La
Fontaine et Les animaux malades de la peste, non ?)
Son
"partant" signifie "du coup" - pour employer un langage
contemporain - et la conséquence ainsi reconnue serait due au manque d'amour :
"plus d'amour, partant plus de joie" dit-il, car il constate que les
tourterelles qui ne vivent habituellement pas en ermites "se
fuyaient", respectant les gestes barrière.
Comme on est
tous des tourterelles en quarantaine, on ne peut qu'être d'accord avec le poète
: plus de contact avec autrui, du coup plus de jubilation communautaire.
5.4.20
Il fallait
penser à eux, disaient nos parents, quand on était mômes à rechigner sans
appétit devant une assiette de bœuf bouilli avec plein de nerfs et des pommes
de terre à l'eau pleines de schuume (écume en français). On est sans doute
responsables de la situation actuelle : on n'a pas assez pensé à eux. Résultat,
on est punis.
4.4.20
Sachant que
depuis le début du confinage, j'ai réussi à placer environ 200 pièces d'un
puzzle de 1000 plutôt sadique, représentant un tableau de Vermeer avec beaucoup
de marron et de dégradés de vert, combien de jours devrait idéalement durer le
confinage pour que je puisse le finir ?
3.4.20
Les oiseaux
sont pressés. Ils courent ventre à terre, une fleur entre les dents, ou plutôt
ils volent à tire d'ailes, avec dans le bec une brindille destinée au nid en
construction.
Papa grive
apporte les matériaux que maman grive dispose harmonieusement dans la fourche
du tilleul devant la fenêtre de mon bureau. A moins que ce ne soit le contraire
: maman s'évade pour faire les courses de produits de première nécessité tandis
que papa se farcit pour une fois le rangement et le nettoyage des lieux. Ou bien
ils font chacun leur tour, c'est l'alternance. En tout cas, le chantier n'est
jamais laissé sans surveillance. Zont bien raison parce que des geais, ces
prédateurs peu scrupuleux, essaient de venir piquer les œufs ou bien carrément
le nid. Ouais, ils sont très beaux, les geais, avec leur tirant d'aile bleu.
Faut se méfier des beaux zailés. (tirant d'aile, ça ne se dit pas non plus ? ah
ben re-tant pis)
C'était le
quart d'heure les fleurs et les petits zoiseaux. Ah oui, on a eu aussi hier
soir notre quart d'heure lièvre, à observer par la fenêtre du salon, qui
batifolait dans mon massif de roses. Et vous savez quoi ? Il bouffait les
bourgeons tout frais de mes rosiers... Sale bête, j'ai enfin compris pourquoi
ils crevaient inéluctablement depuis quelque temps. Ça se mange, des bourgeons
de rosiers ? Faut croire.
2.4.20
La cave est
pleine. Le frigo et le congélateur sont pleins. Mon jean aussi. Et même que si
ça continue, l'élasticité du tissu denim mise à la rude épreuve de la cuisine
de confinage (ou de confinerie, si vous préférez) va atteindre son maximum
d'indulgence.
Mais faut
bien se faire un petit plaisir de temps en temps. Sans doute qu'entre les temps
il n'y a pas assez de temps. D'où le problème.
1.04.20
Un jardin et
une pelouse et un potager et un verger et un bois : y a pire comme espace de
confinage. Ah bon ? Confinage n'existe pas ? Ah ben pourtant j'aime bien
"confinage", ça nous change de l'aut' con, phonétiquement parlant
c'est plus ouvert comme syllabe finale.
Toujours
est-il que tout ça c'est bien joli et joliment spacieux, mais n'empêche, il y
manque cinq paires de petites pattes qui y galopent.
31.3.20
- Si je me
sens oppressée avec le torse du con-joint qui m'écrase la poitrine, est-ce de
la détresse respiratoire ?
- Faites le
bouche à bouche.
30.3.20
" bien chère Madame
l'auteure-trice,
est-ce qu'un
grossièrement con est forcément un con grossier ?
à mon avis,
non, mais je voulais connaitre votre point de vue
pour ce qui
est de la poésie, je suis sûre qu'il existe des poèmes positifs flous et
incertains, non ?
ils ne sont
pas tous brutes ou bien ??
et, au pire
du pire, si les poèmes positifs sont tous brutes, y a-t-il espoir de les
"débrutir", les "dégrossir" ??
remarquez
que ça me paraît improbable, ou alors ça donnerait de nouveaux poèmes, non ?
j'espère
être un poème positif flou et incertain, pas une brute in-dégrossie !! "
Pour répondre à ce commentaire bien
avisé, je dirai qu'il faut prendre le terme "grossièrement" dans le
sens de "en gros". Je ne dis pas "un gros con" (et là aussi
il ne faut pas penser au sens premier du mot de trois lettres) mais un gentil
inoffensif et bien intentionné qui ne fait que plomber l'atmosphère en
voulant la rendre plus respirable.
29.3.20
Qu'est-ce qu'un finement con ? Le
contraire d'un grossièrement con, celui qui vous pond des beaux poèmes avec des
belles pensées et des rimes parfois riches mais toujours pauvres en émotion, du
genre
Tu es
enfermé
Avec tes
pensées
Mais autour
de toi
Le printemps
est là
Avec du
lilas
Trouve
l'harmonie
Souris à la
vie
Un des nos
profs de fac disait que la poésie c'est le flou et l'incertain, pas
comme ces poèmes dits positifs aussi bruts que les dix commandements.